Choisir ses toilettes sèches
26/10/2021 |
Matériel
Toilettes sèches
Outre celles et ceux qui ont eu le plaisir de découvrir les toilettes sèches chez des amis ou lors d’une nuit en gîte, pour beaucoup d’entre nous, la première expérience est une cabine temporairement posée lors d’un événement culturel ou sportif. J’écris plaisir, pour autant, l’expérience extatique d’offrir son présent à la Terre, avant qu’elle ne devienne quotidienne en l’adoptant chez soi, n’est pas toujours heureuse selon les bricolages et installations plus ou moins réussies. Et dès lors que l’on s’intéresse de près à l’autoconstruction et aux toilettes manufacturées, on découvre une diversité de solutions qui peut laisser perplexe. Voilà donc pour vous éclairer dans votre choix un tour d’horizon des différents types de toilettes sèches et de leur fonctionnement.
• Les toilettes à compost ou toilettes à litière biomaîtrisée
- Un récipient étanche,
- de la litière composée de préférence de sciure et de copeaux de bois,
- une petite pelle ou une louche pour verser la litière dans le récipient,
- une assise pour le confort d’utilisation,
- une aire de compostage,
et vous êtes prêts à ne plus tirer la chasse d’eau !
Techniquement parlant ce sont les plus simples, donc les plus faciles à autoconstruire et aussi les plus abordables en terme de coût. La récup’ d’un grand seau de peinture vide et de planches peut être synonyme de gratuité. Comptez entre 170 et 800 euros, selon le design, pour des toilettes fabriquées par un menuisier.
L’importance de la litière
C'est la litière qui remplace la chasse d’eau. Elle permet de maîtriser les odeurs en absorbant les liquides. On obtient ainsi un mélange litière-excréments à la fois humide et relativement aéré, très propice au compostage, donc au développement d’une flore bactérienne aérobie qui utilise les gaz malodorants, tels que l’ammoniac, pour son propre métabolisme et les empêche ainsi d’embaumer le cabinet des toilettes. Attention toutefois à vider le seau 1 à 2 fois par semaine sur l’aire de compostage, pour éviter que le fond macère trop longtemps et vire en fermentation anaérobie nauséabonde.
Il suffit d’ajouter 1 ou 2 louches de litière après chaque utilisation, afin de recouvrir vos déjections. C'est le même principe que dans une étable ou le bac d'un chat : un juste équilibre carbone-azote et air-eau.
La sciure constitue la litière la plus adaptée, car elle est fine et très absorbante. Les copeaux de bois, plus grossiers, absorbent moins bien les liquides mais présentent l'avantage de ménager une bonne aération dans la litière, ce qui joue également un rôle important dans la maîtrise des odeurs. Un mélange des deux est vraiment top ! L'essentiel est de trouver de la matière sèche et riche en carbone, un minimum absorbante et disponible localement. Faites vos expériences !
Quant au papier toilette, il est composé de cellulose qui est elle-même riche en carbone. De plus, il est absorbant. Alors oui, le papier toilette, tout comme les mouchoirs en papier, sont compostables dans les toilettes sèches.
Choisir son récipient
Adaptez sa contenance au nombre d’occupants de votre foyer. Un récipient de 50 litres, genre stérilisateur à confiture, assure l’autonomie d’une famille de 4 personnes pendant environ 1 semaine. Pour 1 ou 2 adultes, un seau de 15 litres peut être suffisant. Bien entendu, cela dépend du temps que vous passez à l’extérieur de chez vous.
Plus le récipient est grand, plus les vidanges seront espacées. Attention tout de même à ne pas trop dépasser 1 semaine pour les raisons exposées plus haut. À moins d’être vraiment costaud, un récipient de 50 litres nécessite d’être 2 pour le vidanger sur le compost. Le seau de 15 litres est beaucoup plus maniable.
Concernant les matériaux, l’inox est quasiment inusable mais il est lourd et son prix est élevé. Le galva est moins cher mais plus difficile à nettoyer et fini par percer. Eh oui, l’urine est corrosive. Si votre choix se porte sur le plastique, léger et peu coûteux, préférez-le de qualité alimentaire, car les autres plastiques conservent les odeurs.
Aménager l’aire de compostage
S’il est effectivement nécessaire de pouvoir accéder à une aire de compostage avant de se lancer dans l’utilisation d’une toilette à compost, sachez qu’il n’y a pas forcément besoin d’avoir un grand jardin pour composter ses toilettes sèches : 2 à 4 m² suffisent pour un foyer de 1 à 4 personnes.
• Les toilettes sèches nouvelle génération
De nombreuses marques de toilettes sèches commercialisent toutes sortes de produits pourvus de divers dispositifs visant à réduire la manutention :
- par la séparation des urines et des fèces,
- par le chauffage des excréments pour réduire leur masse par évaporation, voire l’incinération de ceux-ci,
- par le brassage mécanique ou électromécanique du contenu de la cuve afin de faciliter sa décomposition dans des conditions aérobie,
- par la congélation des excréments pour supprimer toute odeur.
Ces équipements nous évitent autant que possible de gérer nos déjections, mais la technologie a un coût à la fois pécuniaire, vous vous en doutez bien, et environnemental aussi, car nos déjections ne sont pas toujours bien valorisées par ces procédés, qui de surcroît consomment plus ou moins d’énergie.
Laissant de côté les aberrations écologiques consistant à chauffer ou refroidir la manne, l’auteur de ces lignes étant lui-même parfois touché par une certaine lassitude en vidant le seau familial à la frontale les soirs d’hiver, a retenu les deux solutions ci-dessous.
Toilettes à séparation verticale Clivus Multrum
Ces toilettes fonctionnent en évacuant les déchets par gravité vers un réservoir, dit « lombricomposteur ». Les déchets se compostent au contact d’un lit de matière carbonée installé au démarrage. Au fil du temps, ce mélange se transforme grâce à l’action des bactéries et des lombrics en un compost semblable à de l’humus.
Pas besoin d’ajouter de la litière carbonée après chaque usage. Ce système est peu contraignant : au maximum une fois par mois, il suffit d’ouvrir la trappe de visite du lombricomposteur pour tirer à l’aide d’un croc le tas de matières qui s’accumulent sous la cuvette et ajouter un peu de litière. Cela prend 5 minutes.
Les lixiviats recueillis dans la partie basse du lombricomposteur peuvent être évacués vers le réseau des eaux usées de la maison, mais ils sont riches en nutriments et peuvent servir, une fois dilués, à fertiliser les plantes ou activer un compost ménager.
La réduction du volume des matières est telle – 65% la première année et 98% au bout de 5 ans – qu’il n’est pas nécessaire d’enlever du compost avant plusieurs années. Ceci dit, il n’est pas non plus interdit d’en prélever si besoin, grâce à la trappe inférieure.
La ventilation évite les remontées d’odeurs.
Coût : environ 2500 euros hors installation.
Toilettes à séparation horizontale Ecodomeo
Par séparation gravitaire, les urines sont évacuées vers le réseau des eaux usées de la maison. Et un tapis situé sous la cuvette des toilettes apporte les matières fécales et le papier dans un local de lombricompostage, où ils sont compostés au point de voir leur volume initial divisé par 5. Ce local peut être construit à l’extérieur de l’habitation, mais il est également possible de l’aménager dans un garage ou une remise.
La ventilation aspire l’air via la cuvette et le rejette à l‘extérieur, créant ainsi une circulation d’air permanente évitant les mauvaises odeurs.
Coût : environ 2500 euros hors installation.
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Pour ou contre la séparation des liquides et des solides ?
La séparation a inspiré le nom de la marque de toilette sèches Separett, dont la conception de la cuvette dévie les urines vers le réseau des eaux usées ou vers une solution de stockage. Comme pour Clivus Multrum et Ecodomeo, là aussi un ventilateur fonctionne 24h/24, évacuant les odeurs. Les matières fécales, contenant environ 70% d’eau, sèchent et diminuent de volume. Ainsi, la tâche consistant à vider les toilettes revient moins souvent que pour une toilette à compost. Coût : environ 850 euros hors installation.
Mais du point de vue du compostage et de la formation d’humus, il n’est pas vraiment judicieux de soustraire l’urine ni de sécher les fèces. L’humidité des excréments est en effet propice à l’activité bactérienne et donc au processus naturel d’humification.
Par ailleurs, stocker l’urine – qui représente 60 à 80 % de l’azote contenu dans nos excrétions – dans un réservoir, engendre la formation d’ammoniaque et de nitrate qui, lorsqu’ils sont épandus sur les sols, même dilués, se comportent comme un engrais chimique lessivable, donc polluant.
Néanmoins, dans un contexte urbain dense où les possibilités de compostage de toilettes à litière sont limitées, et compte tenu des forts enjeux auxquels l’humanité est confrontée concernant le rétablissement de flux circulaires des nutriments, la collecte séparée des urines pour fertiliser les champs environnants est un pis-aller écologique. Cette pratique trouve également son sens avec les grandes quantités d’urine recueillies lors des festivals et des grands événements sportifs, et sur tous les lieux publics très fréquentés (cinémas, stades, centres commerciaux ...).
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Pour plus de précisions techniques sur les solutions présentées dans cet article, et pour découvrir d’autres solutions, consultez le site www.labelverte.fr/9-toilettes-seches-
Éric Sabot, Label Verte