Le fumier est-il plus riche que du compost ?

08/10/2018 | Matière organique Sol
fumier Dans la pratique de nombreux jardiniers, le compost du jardin est le parent pauvre d'une fertilisation efficace au jardin. Le fumier serait beaucoup plus performant ? Il suffit de constater le dédain que de nombreux jardiniers apportent aux déchets des cultures et à leur tas de compost et leur inventivité pour trouver l'agriculteur chez qui il faudra aller chercher avec une remorque le fumier plus ou moins bien composté.

J'ai eu l'occasion de rencontrer aussi des jardiniers qui achetaient des sacs et des sacs de terreau pour fertiliser et amender leur jardin alors qu'ils apportaient leurs déchets verts en déchèterie !

Voyons les choses de plus près et passons aux choses sérieuses : l'analyse chimique des composants ! Rares sont les livres sur les techniques de compostage qui apportent des renseignements aussi détaillés et complets que l'ouvrage de Denis Pépin : compost et paillis, l'édition 2013. Allez aux pages 180 et 181 (qui n'a pas cet ouvrage de référence incontournable !) et vous y trouverez tous les renseignements utiles pour de nombreux amendements organiques: rapport/carbone déterminant la maturité du compost, son pH, sa teneur en % de la matière brute en azote, phosphore, potassium, calcium et magnésium. Que constatons-nous pour les 12 produits analysés ? Premièrement le sérieux des analyses présentées : pour le compost de jardin domestique, il s'agit de la moyenne de 19 composts différents, pour les composts issus de plateforme de compostage, la moyenne de 45 composts différents.

Quels sont les autres composts analysés: lombricompost, compost de toilettes sèches, compost du commerce algo-forestier, compost du commerce de fumier (volaille et chevaux) et algues, fumier de bovin, fumier de mouton, déjections de lapin, fumier de cheval, fumier de volaille (poulet de chair). Un large éventail !

Et les résultats ? Globalement les valeurs fertilisantes sont assez proches à quelques détails près. Une exception, le fumier de volaille est beaucoup plus riche qu'un compost de jardin: six fois pour l'azote et le phosphore et quatre fois pour le potassium. Soyez toutefois prudents avec ce type de fumier à ne pas "brûler vos cultures" ! On constate aussi que les déjections de lapins sont plus riches en phosphore comme d'ailleurs le compost de jardin lui aussi plus riche en phosphore que le fumier de bovin, de deux fois. Pour les valeurs en azote et potassium, les valeurs fertilisantes sont presque semblables entre un compost de jardin et un fumier de bovin. Comment comprendre cela ? Pensez à l'alimentation de la vache ! Où sont les apports les plus riches et variés ? Dans votre bac à compost ou dans les prés ?

Conclusion : compostez, mais compostez bien ! C'est à dire avec les gestes de base les plus élémentaires : étalez systématiquement vos déchets de cuisine sur toute la surface du bac et mélangez avec la couche inférieure. Fragmenter vos déchets ligneux du jardin, rien de plus long que 20 cm, sans quoi vous ne pourrez plus effectuer les mélanges de surface hebdomadaires. Pour les gazons, le paillage est la priorité. Au composteur, ne mettre que de faibles quantités et principalement pour faire chauffer votre tas et détruire les graines qui y auraient été apportées.

Christian Nanchen, formateur