Les méthodes participatives pour communiquer : Témoignages des formateurs de la Région AURA
21/02/2019 |
Communication
Formation
Outils de communication
Pierre Feltz, Formateur, Yronde et Buron, Puy-de-Dôme
Sa méthode préférée : J'aime particulièrement le jeu de rôle, qui s'utilise préférentiellement avec un public qui se connait déjà, et avec lequel on a du temps ! Au moins une journée, sinon plus. Il permet, malgré le côté artificiel du jeu, de se rapprocher de la réalité par des mises en situation tout à fait formatrices. Le principe est de permettre aux participants de s'approprier un sujet (par la lecture de documents, carte de rôle, etc.), avec une identité professionnelle qui est la leur, ou au contraire, tout à fait opposée à la leur. Ils seront ensuite amenés à vivre une situation professionnelle fictive face à d'autres personnes, comme dans la vraie vie. Par exemple, on peut simuler un entretien entre un directeur d'EHPAD et un Maître composteur, ce dernier devant présenter les tenants et aboutissants d'un projet de compostage. L’intérêt du jeu est bien sûr le retour que l'on peut faire collectivement - ici de l'entretien, pour dégager les éléments formateurs de la situation. Ce n'est qu'un exemple, très simple... la complexité du jeu de rôle peut amener à bien d'autres situations, comme la mise en place d'un comité de pilotage, une réunion, etc.
J'aime aussi utiliser la technique de Delphes pour favoriser l'expression collective et aboutir à l'élaboration d'un consensus. Cette technique assez classique est très efficace, elle peut être mise en place avec des participants qui ne se connaissent pas, et sur un court temps de formation. Le principe est très simple : le formateur propose une question, une problématique, puis chaque participant note pour lui-même cinq propositions par rapport au thème ou à la question. Les participants se regroupent par deux, échangent sur les dix propositions et en retiennent cinq parmi les dix. Les décisions doivent se prendre par consensus. Chaque duo se regroupe avec un autre duo, puis les deux échangent et retiennent cinq propositions. 1, 2, 4, 8 etc. La restitution peut se faire en arrêtant les regroupements ou jusqu'à arriver à la totalité de l'effectif. Cette méthode permet de favoriser l'expression et l'échange sur des concepts ou questions, et d'amener un groupe à aboutir à un consensus rapidement, mais ne s'applique pas à de problèmes complexes pour prendre une décision (il s'agit d'un consensus forcé, le résultat n'est pas exhaustif, et il peut être intéressant de garder les propositions individuelles qui sont très riches).
Son + de formateur : Au sujet de l'utilisation des méthodes participatives, je trouve qu'il est important de garder à l'esprit trois éléments à prendre en compte : d'une part, rester vigilant sur l'adaptation de la méthode au type de public avec lequel on travaille, ainsi qu'à la durée de la formation ou séquence de formation. Plus la formation est longue, plus les participants se connaissent (ou font partie d'un même "cercle"), plus ceux-ci sont volontaires et motivés pour venir en formation...plus il est facile d'utiliser ces méthodes, de les varier, de les expérimenter.
L'autre élément qui me paraît important, c'est qu'il convient de se sentir très à l'aise avec ces méthodes, de trouver celles qui nous conviennent bien afin de pouvoir gérer les imprévus, les réactions des uns et des autres. Ça ne s'improvise pas, cela se travaille, cela s'expérimente, ça se met en place dans nos pratiques de formateurs petit à petit. Je me méfie des recettes toutes faites !
Enfin, je dirais que je n'aime pas utiliser "par principe" ces méthodes, parce que c'est nouveau, parce que ça véhicule les valeurs de notre milieu professionnel, etc. La méthode doit être au service d'un objectif pédagogique, et non l'inverse... On doit en tirer enseignements, apprentissages, connaissances, construction collective... qui doivent être valorisés, exploités.