Matière organique et gestion des Déchets Verts

24/09/2020 | Déchets verts Matière organique
Avant de déterminer quelles stratégies il adoptera, le jardinier doit définir les objectifs qu’il poursuit. D’un côté, le but premier et avoué peut être avant tout celui de réduire les déchets verts produits et de limiter le temps consacré à l’entretien des espaces. A contrario, l’objectif assumé et souhaitable peut être d’accueillir un maximum de biodiversité et d’optimiser voire d’accélérer les cycles de la matière organique pour créer des espaces très productifs. D’autres critères peuvent aussi conditionner le choix des techniques adoptées, comme par exemple l’esthétique, la sensibilité ou l’utilisation d’énergie fossile.

Pour chaque gisement de ressources, il n’existe ni méthode unique ni méthode miracle et la démarche la plus inspirée réside souvent en l’adoption d’une mosaïque de solutions complémentaires, la gestion différenciée.
La stratégie la plus simple et la plus accessible reste celle de l’évitement. Moins de biomasse générée, moins de temps consacré. Un jardin peut être responsable sans être chronophage. Dans ce cas, il s’agit de réduire la vitalité du cycle de la matière organique, de ralentir le rythme. L’aménagement des espaces est alors un élément décisif. Pourquoi ne pas adopter dans certaines zones une gestion modérée, avec des fauches tardives ou la mise en place de jachères favorables à l’accueil de la biodiversité. Les essences choisies devront alors être à croissance lente pour limiter le besoin d’intervention et la production de biomasse. Les plantes couvre-sols dispense d’un entretien soutenu et occupent avantageusement l’espace, proposant une belle esthétique.
Ce dernier point est essentiel car il nous faut opérer un vrai changement de paradigme à ce niveau. Dans l’esprit de nombreuses personnes, jardin à gestion modérée rime avec jardin négligé. Or il est tout à fait possible de supprimer les lignes au profit des courbes sans affecter l’esthétique générale, bien au contraire.

jardins-voisinsUn jardin quel que soit sa taille est un milieu en mouvement. Encore une fois, la stratégie la plus abordable, qui nécessite le moins d’efforts, invite à la lenteur et à modérer le mouvement des matériaux au sein du système. Les végétaux sont traités à l’endroit où ils ont été produits. Rentre alors en scène le véritable couteau suisse du jardinier-paysagiste amateur, la tondeuse mulching. Elle peut couper l’herbe mais également broyer tous les déchets ligneux dont le diamètre est inférieur à 1cm. La pelouse tondue est immédiatement restituée, les feuilles réduites sur place à l’automne se dégradent en quelques jours seulement et les tailles sont également broyées directement pour être laisser au pied de l’arbre ou de l’arbuste dont elles proviennent. Cette approche simple et efficace limite le matériel nécessaire et la manutention, tout en garantissant un bon respect des cycles organiques.

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Efficace tondeuse.. pour un matériau de paillage de belle qualité !!



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Ramassage des tailles… en les broyant au sol avec la tondeuse









Certains jardiniers cherchent à limiter l’utilisation d’énergie fossile ou nucléaire. Ils peuvent alors opter pour la tondeuse manuelle ou le hache-paille. Cette démarche honorable demande cependant une fréquence d’intervention plus importante ainsi que le déplacement des matériaux. Même avec une telle sensibilité, au regard de la diversité de services qu’elle propose, la tondeuse mulching semble être une concession acceptable.

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Mélange de matières organiques broyées dont tailles de laurier palme … tout est bon pour le paillage !!





Des techniques décarbonées existent aussi pour valoriser les plus grosses sections. La plus simple mais néanmoins efficace et très utile pour la biodiversité consiste à laisser en tas les branches qui ne peuvent être réduites grâce aux méthodes évoquées plus haut. La faune se régale de ce type d’espace qui constituent de vraies niches écologiques pour de nombreuses espèces, le jardinier profitera aussi des services rendus par ces auxiliaires. Seul bémol, certains considèrent que l’esthétique n’est pas au rendez-vous. Heureusement, une technique s’appuie sur les même principe en plus organisé : la haie sèche ou fagotière. Elle s’agence comme un andain dans lequel sont entassées ou plissées les branches. Barrière occultante, gîte pour la faune utile des jardins, cette méthode trop peu connue présente de multiples bénéfices. Elle pourra aussi avantageusement servir de support à une plante grimpante, un houblon, un chèvrefeuille ou une clématite. Les déchets verts réduisent tranquillement, l’espace nécessaire est modeste, quelques m² agencés comme vous le voulez suffisent à absorber plusieurs m3 de matière chaque année.

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Une poubelle de jardin. Poubelle ??







Quand la gestion des déchets verts est mise au profit d’une production, ornementale ou comestible, le jardinier peut souhaiter littéralement booster les cycles et la circulation des éléments. Il entre alors dans une démarche plus complexe avec des méthodes de valorisation de la matière apte à servir les besoins de ses cultures. La composition des compost et des paillis sera étudiée en fonction de l’utilisation et des effets recherchés. Des techniques comme les buttes lasagnes ou les couches chaudes pourront être associées aux modes de gestion plus classiques.
Dans cette perspective, le pratiquant a tout intérêt à augmenter la vitesse et la vitalité du cycle de la MO pour qu’il agisse comme un levier de fertilité. Il va donc intégrer plus de matière dans ses espaces de culture pour stimuler la vie du sol et les éléments disponibles et favoriser la production de biomasse afin d’augmenter le taux de matière organique dans son milieu. Cela nécessite plus d’énergie pour déplacer les matériaux mais également plus d’énergie pour la réduire afin qu’elle revienne en jeu plus rapidement. L’objectif diffère et le rythme s’accélère.
Bien que le mouvement et le cycle de la MO dans un jardin ne dépende évidemment et fort heureusement pas que de la gestion que fait l’homme de ses déchets verts, une relation étroite existe entre tous ces éléments.



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Comment combiner esthétisme et stockage de matière organique au jardin…




Romain Crochet, maître composteur