Recueil de témoignages sur l’utilisation du compost issu de toilettes sèches
26/10/2021 |
Compost
Jardinage au naturel
Toilettes sèches
Deux témoignages sont ici présentés.
--------------------------
Cela fait maintenant 12 ans que j’expérimente le compostage des toilettes sèches dans mes espaces de culture légumiers et fruitiers.
Tout d’abord, je te ferai part de la composition de mon sol. J’ai environ 15cm de terre arable, en dessous, c’est du gore puis de l’eau ! Mon objectif étant de cultiver une grande partie de notre alimentation, je me devais donc d’optimiser mes chances d’abondances ☺
Pour ce faire, dans un premier temps, je compostais par cycle de trois ans, uniquement avec les déjections et des copeaux de bois. Je me tenais à ce qui était préconisé pour éliminer les pathogènes. Je me suis aperçu qu’au bout des trois ans de compostage, il ne restait pas assez de matière organique riche pour mes cultures. J’ai donc réduit le cycle sur deux ans. Le résultat était un peu plus satisfaisant mais pas assez sur mon terrain. Je suis passée sur une année en incorporant de la tonte et ou du foin. J’ai pu constater que la matière obtenue était plus acceptable pour redonner une meilleure structure à mon sol et aussi plus de fertilité. Depuis bientôt 6 mois, je suis passée sur un mélange des biodéchets, résidus de tailles, tonte et des toilettes sèches afin d’expérimenter la biodégradation des matières. Je peux constater à ce jour, que la vie y est plus abondante. En grattant plus en profondeur, je visualise déjà un résultat très satisfaisant !!
Dans un second temps, comment j’utilise le compost des toilettes sèches ? Après les dernières cultures d’été, je dépose le compost en surface puis je paille pour les planches sans engrais verts, je fais de même pour les arbres fruitiers. Pour une utilisation lors des premiers semis, je dépose la quantité nécessaire en fonction des besoins légumiers. Je suis ravie de constater l’évolution de mon sol, aujourd’hui, vivant. C’était un grand défi. J’arrive à obtenir de belles récoltes pour ma conserverie ! ☺
Témoignage de Gwenaëlle Doré, Maître composteur à Thiers Doré Montagne
--------------------------
Usage du compost des toilettes sèches au jardin : une bonne alternative au terreau du commerce !
Au jardin à Yronde & Buron, nous produisons environ 1.5 à 2 m3 de compost mûr de toilettes sèches par an. Il s’agit de compost provenant de toilette à litière biomaitrisée sans séparation des urines. La litière est composée de sciure plus ou moins fine, dont l’approvisionnement est local (menuisier à 5 km).
Les apports (seau de 30 litres, rempli entre 75 et 100 %) sont réalisés 2 à 3 fois par semaine dans des composteurs en bois. En phase de décomposition, le compost est mélangé régulièrement (tous les 2 – 3 apports) en surface dans les 40 premiers centimètres. L’eau de rinçage du seau (2-3 litres) est vidée dans le composteur. Nous pouvons occasionnellement, en période sèche, arroser modérément le compost. En phase de maturation, nous pratiquons 2 à 3 retournements durant le cycle du compost. Celui-ci mûrit d’abord en composteur, puis, afin de libérer de la place en andain de 40 à 60 cm de haut et de 1 m à 1.20 m de base, bien protégé par un paillage (foin, paille, feuilles sèches).
Auparavant, nous utilisions ce compost après un an de maturation : cette durée n’est pas officiellement recommandée, même si, avec une bonne maîtrise du processus, le compost produit est de qualité et sans risque sanitaire (voir
Étude Gestion des sous-produits de toilettes sèches familiales : étude sur le traitement des matières par compostage). Nous réservions ce compost à tout espace du jardin dont les zones de production (potager, petits fruits). L’intérêt dans son utilisation résidait dans sa facilité d’usage : c’est un compost très fin, qui s’épand et s’intègre facilement y compris sur des espaces enherbés, comme par exemple sous les arbres fruitiers : sa forme pulvérulente lui permet de traverser le couvert végétal et de s’intégrer au sol facilement. Sous les actinidias, il était parfait !
Depuis deux ans maintenant nous le réservons à un autre usage : il sert de terreau de semis et de plantation aux légumes du jardin. Il devient ainsi une excellente alternative au terreau (composé de tourbe !) acheté dans le commerce. Nous n’en sommes qu’aux essais, mais ceux-ci paraissent prometteurs !
Voici les premiers enseignements tirés de ces essais :
1/ le composts de TS doit être très mûr : entre 18 et 24 mois de maturation afin de présenter une texture fine et régulière, sans présence d’éléments non décomposés. Il ressemble à un terreau du commerce, très fin. Il ne nous paraît pas utile, à ce stade, de le tamiser.
2/ il s’utilise pur, sans mélange ; sa structure le permet ! Les apports conséquents de sciure en font une matière très structurante et absorbante, bonne alternative, semblerait-il à la tourbe. Ce substrat ne se rétracte pas dans le temps (contrairement à un compost de déchets de cuisine et de table). Il conserve relativement bien l’eau.
3/ c’est un terreau riche en éléments fertilisants… mais pas trop ! Les essais de semis et plantation ont été réalisés sur des poivrons, aubergines, choux et tomates. Que ce soit pour le semis ou le repiquage, les résultats sont très satisfaisants : bonne levée, croissance régulière, très bon développement racinaire et foliaire… Voir Photos.
4/ la levée de graines « adventices » est réelle dans ce terreau, mais - nous semble-t-il, moins importante que dans un autre type de compost. De fait, la germination des semences n’est pas trop concurrencée par cette levée possible. Par prudence, nous conseillons de ne pas l’utiliser pour des graines à germination très lente, comme certaines fleurs, poireaux afin d'éviter de « perdre » le plantule au milieu d’autres pousses. Ce terreau convient pour la plupart des espèces potagères (choux, laitue, tomates, poivrons, poirée, etc.).
Toutes ces observations restent encore à consolider, et c’est ce que nous allons faire dans les années à venir… mais une chose est sûre en ce qui concerne le jardin d’Yronde et Buron : le compost de toilettes sèches sera désormais utilisé comme alternative au terreau industriel, consommateur de tourbe !
Levée de poivrons avec compost issu de toilettes sèches :
Pierre Feltz